Une invocation (du3a) exaucée le mercredi entre dhor et 'açr ?!

Question : c'est authentique ça ? 
« Le mercredi, il y a un moment où l'invocation est exaucée
D'après Djabîr, c'est à dire Ibn 'AbdAllâh – qu'Allah l'agrée - rapporte que :
"Le Prophète – salla Allah-u 'alayhi wa sallam -, invoqua Allâh dans la mosquée Al Fath et ce durant trois jours (lundi, mardi et mercredi). Son invocation fut exaucée le mercredi entre les deux prières («entre les deux prières» vise les prières du dhor et du 'asr), la bonne nouvelle se voyait sur son visage.Djabir – qu'Allah l'agrée – a dit : "Ainsi, il n' y a pas une situation grave qui se présente à moi si ce n'est que j' attendais ce moment pour invoquer Allâh et je savais que mon invocation était exaucée." Rapporté par Ahmed, Al Bazzar et d'autres, la chaîne de transmission d'Ahmed est bonne.  Chaykh Al-Albani a jugé ce hadith bon dans le livre "sahih at targhib wa at tarhib" (2/143) numéro (1185). »
La réponse : Il s'agit là d'un hadith da'îf  (=faible)



En effet, le hadith auquel il est fait allusion dans la question « repose » ( المدار ) sur un « rapporteur » nommé Kathîr Ibn Zaîd qui est un rapporteur, selon ce qui ressort des paroles des imams du « jarh wa ta'dîl », dont le hadith est da'îf (=faible) mais qui est « accepté » en cas de chawâhed et mutâba'âtes. Ce qui n'est pas le cas pour ce hadith.
Si cela est acquis, il est évident que qualifier le isnâd (=chaîne de transmission) de ce hadith de « jayyed » comme l'a fait l'imam As-Suyoutî n'est pas juste. Encore moins vu que le isnâd d'Ahmad auquel As-Suyûtî fait allusion contient Abd Allah Ibn Abd Ar-Rahmân Ibn Ka'b Ibn Mâlik (le Sheikh de Kathîr Ibn Zaîd dans ce isnâd) qu'on peut qualifier de « mastour » vu que plus de deux « rapporteurs » on « transmis » de lui et qu'on ne lui connaît aucun « jarh », ni aucun « ta'dîl ». Qualifier le isnâd d'Ahmad de « jayyed » comme l'a fait As-Suyoutî n'est donc pas jayyed, sauf sur l'avis que la « base » chez un « rapporteur » de hadith dont l'état est « inconnu » est al-'adâla (=intégrité), comme l'a fait Ibn Hibbân avant lui, et Ahmad Shâker après lui, mais c'est un avis dévalorisé. Si As-Suyoutî – rahimah-u Allah – a adopté cet avis, cela peut alors relever du « laxisme » que certains lui attribuent.

Après ça, il faut savoir que ce Abd Allah Ibn Abd Ar-Rahmân, dont l'état est « inconnu », est une erreur dans ce isnâd d'Ahmad. En effet, ce qui est juste est que Kathîr Ibn Zaîd rapporte ce hadith du père de ce Abd Allah, qui est donc Abd Ar-Rahmân Ibn Ka'b Ibn Mâlik (qui lui est thiqa), comme cela émerge au travers des autres livres musnada qui ont rapporté ce hadith (tels que : "al-adab al-mufrad" d'Al-Bukhâri, "juzz Ibn Al-Ghittrif", "shu'ab al-imân" d'Al-Bayhaqî et d'autres). Il n'est donc pas correct de dire que les isnâds de ce hadith sont « moudtareb », comme l'a fait Dr. Rabee Al Madkhali, vu qu'il considère ce hadith comme étant da'îf, ceci dans son « radd » à Dr. Abd Al Aziz Al Qârî ; la mention de Abd Allah dans ce isnad est une erreur, vu que le « seul » à l'avoir rapporté ainsi est Abou 'Âmer (au moins cinq autres l'ont rapporté avec Abd Ar-Rahmân). Par conséquent, on ne peut considérer que Abd Allah Ibn Abd Ar-Rahmân représente l'une des 'ilal (=anomalies) de ce hadith ; il représente une 'illa dans le isnâd, mais pas dans le hadith, et – de fait – on ne peut donc considérer qu'il y a un idtirab dans ses chaînes. Dr. Rabee Al Madkhali a compter ces deux choses (=la mention de Abd Allah Ibn Abd Ar-Rahmân et le 'idtirâb dans l'isnâd) comme deux 'illas de ce hadith, chose qui n'a pas lieu d'être. Ajoutez à cela que Dr. Rabee Al Madkhali considère aussi que le matn (les termes du hadith) contient un « idtirâb », vu que parfois il est rapporté que c'était dans la mosquée « al fath » et parfois dans la mosquée « al ahzâb ». Or, chose qui a échappé au Dr. Al-Madkhali, ces deux noms représentent une seule et même mosquée. C'est comme si quelqu'un disait que tel événement s'est produit dans la mosquée de Médine, et dit ailleurs que c'était dans « al-masjid an-nabawî » ; on ne peut parler de « idtirâb » dans ce cas, vu que ces deux noms représentent une seule et même mosquée. Dr. Rabee Al Madkhali a donc ajouté trois 'ilals (anomalies) à ce hadith qui n'ont pas lieu d'être. C'est pour cela – par exemple – que dans « 'iqtidâ as-sirât al-mostaqîm », lorsque Sheikh Al Islam Ibn Taymiyya – rahimah-u Allah- a fait allusion à ce que ce hadith est da'îf (=faible), il n'a mentionné qu'une seule 'illa (anomalie) à ce hadith, à savoir : Kathîr Ibn Zaîd.
Note : Dans « taqrîb at-tahdhîb », Al Hâfedh Ibn Hajar Al Asqualânî – rahimah-u Allah – a qualifié ce rapporteur (Kathîr Ibn Zaîd) de « çadouq yukhtî ». Beaucoup d'étudiants et de shuyoukhs comprennent de ce statut qu'il s'agit du rapporteur dont le hadith est « hassan » (et je pense que c'est l'une des causes qui a poussé l'éminent Al Albani a qualifié ce hadith de « hassan »). Ce n'est pas ainsi. De par ce statut, ainsi que ceux qui lui sont équivalents, Ibn Hajar fait allusion aux rapporteurs dont le hadith est « accepté » en cas de chawâhed et mutâba'âtes. L'occasion n'est pas adéquate pour développer cet aspect. Une autre fois – in sha Allah -.
Certes, ce hadith a été rapporté par une autre tarîqa (=voie) que celle de ce Kathîr Ibn Zaîd, qui est rapportée par Ibn Chabbah dans « târikh al-madîna » (p.58), chose qui vient nuancer la parole d'Al-Bazzâr alors qu'il disait qu'il ne ne connaît pas de « isnâd » à ce hadith hormis celui de Kathîr Ibn Zaîd, sauf que de cette tarîqa là, il n'est pas mentionné que le prophète (salla Allahu 'alayhi wa sallam) a invoqué le mercredi, ni la parole de Jâbir dans laquelle il est dit que chaque fois qu'il invoquait à ce moment, il était exaucé. Cette tarîqa là ne « soutient » donc en rien celle de Kathîr Ibn Zaîd ; ce n'est donc pas un châhed valable, ceci même si on suppose que cette tarîqa est « sahîh » (authentique), que dire alors que cette tarîqa là est "da'îf jiddân" (=très faible), vu qu'elle contient Abd Al Azîz Ibn 'Imrân qui est "matrouk" ?! Allah est plus savant.

Écrit par : Saffoine Ibn Galal